L’algobitch
Je n’ai rien écrit sur ce carnet depuis une semaine,
je me suis lancé dans une grande planche que je veux exposer le week-end prochain au festival d’Authon.
Comme j’avance lentement à coups de petits points blancs, j’occupe la totalité de mes journées à remplir cette planche.
J’y ai mis des mails de fausses groupies féminines qui disent que je suis un mec super et qu’elles adoreraient me rencontrer pour faire des cochonneries.
Avant c’étaient des mails que je mettais systématiquement à la poubelle,
mais là,
je me suis mis à les collectionner.
J’ai dessiné plein de bites et de chattes sur la planche, c’est pulsionnel et régressif.
C’est étonnant ou navrant de voir les stratégies mises en œuvre pour que le destinataire finisse par cliquer sur le bouton,
oui je veux chatter avec Sandra,
oui je veux rencontrer Paloma, cette voisine discrète.
L’algorithme malin dissèque la psychologie du mâle en manque de moules et génère des petits mots doux (d’où) pour l’émoustiller, le flatter, l’exciter.
Un petit piège avec des grosses ficelles mais quand on a envie de cul, ce n’est pas trop le cerveau supérieur qui contrôle.
J’ai essayé de glisser dans le tableau toute la violence juste masquer par un petit verni de bons sentiments, mais je sais qu’on passe bien vite
de l’amour à la mort.