Laine bleue

Hier, j’ai terminé ma planche « prêche-océan », difficilement.
Je suis comme tout le monde, je voudrais tendre vers un bonheur simple, je ne parle pas exclusivement de bander, non, profiter des bons moments de la vie.
Une femme âgée lit derrière moi le magazine Vieillir,
un peu plus loin, un jeune homme s’étire et se rassoit.
Je pense à l’instant à mon vocabulaire des plus faiblards.
Je ne sais pas trop par quoi je vais enchaîner, même si j’ai déjà mis une nouvelle planche en attente sur mon bureau.
Les idées passent, les pensées, plus exactement, passent et s’échappent aussi vite que j’en ai conscience, si bien que j’en perds beaucoup au passage.
Je ne sais toujours pas trop à quoi sert cet exercice d’écriture,
mais j’aime bien ce rendez-vous.
Et puis nous avons un vrai problème d’utilitarisme, pourquoi faudrait-il nécessairement faire des choses qui servent à quelque chose ?
Un arbre, un Hêtre commun a été planté dans le parc en mémoire d’un jardinier.
Je ne suis sûr de rien, une vraie philosophie du peut-être,
ce qui peut-être est ce qui, ce quoi, à qui on décide de prêter vie, un possible.
Je me suis déplacé pour me mettre à l’abri sous un chêne,
le soleil tape encore fort en cette fin septembre 2017.
Je trouve que ressortir trop d’éléments comme pour un bas-relief, alourdi l’aspect général de la planche. Je n’ai pas encore trouvé la bonne formule, j’ai encore bien du boulot devant moi, c’est mieux de toutes manières de ne pas avoir de recettes, chercher encore, encore, toujours.
Je m’aperçois, en regardant passer un avion dans le ciel,
qu’il y a dans le parc un très beau cèdre bleu.
Est-ce la lumière d’aujourd’hui ?
On passe à côté de plein de choses sans les voir,
il faut du temps pour découvrir les êtres.
Un gars de la rue m’a gentiment tapé une feuille de papier à rouler,
je lui ai dit qu’il pouvait en prendre deux ou trois,
m’en a pris 3 et m’a dit
« je te remercie ».
Une dame tricote sur un banc à côté,
tricoti tricota,
ça détend, il paraît,
on ne pense plus au temps qui passe,
tricoti tricota,
cinq coups sonnent la cloche derrière moi,
tricoti tricota,
des gens se promènent,
des poussettes,
des clébards,
des pissettes,
tricoti tricota.